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Le monde d'Anaxandre
9 mars 2019

On me traite de féministe...

"On me traite de féministe chaque fois que mon comportement ne permet pas de me confondre avec un paillasson."  Rebecca West

Hier, c'était la journée de la femme.  Je déteste cette idée qu'il faille une "journée de la femme" par chez nous.  Dire qu'on se dit "civilisés", que nous profitons de grandes technologies, de savoirs incroyables, d'une démocratie formidable... mais nous en sommes toujours à essayer de donner une place aux femmes dans nos sociétés.

Je n'ai pas envie de m'étaler sur le problème des femmes en général mais juste du mien...

Il y a 14 ans, j'ai perdu mon travail.  Le temps d'en chercher un nouveau, je suis tombée enceinte, grossesse attendue.  Et bien sûr, personne n'a voulu m'engager.  Je ne les blâme pas, je ne l'aurais probablement pas fait non plus.  Mon enfant né, j'ai choisi de rester quelques temps avec histoire de profiter un peu de ces moments qui passent si vite.  Quand j'ai recommencé à chercher du travail, mon deuxième enfant s'est annoncé et, avec mon mari, nous avons fait les comptes: payer une crèche ou tout autre système de garderie pour deux enfants reviendrait à utiliser mon futur salaire uniquement pour cela.  Alors j'ai arrêté de chercher.

Bien sûr, le merveilleux système de chômage me harcelait pour que je reprenne le travail et, en pesant le pour et le contre, j'ai abandonné totalement pour me mettre à la charge de mon mari.

Cela dit en passant, entre mes deux grossesses, lorsqu'on me forçait à me présenter à des formations, j'avais beau demander des solutions de garde d'enfant, personne ne pouvait m'aider...  Je devais trouver du travail mais pas faire garder mon enfant.  Ou je devais prendre une place dans une garderie, la payer sans salaire dans l'espoir que, peut-être, je trouverais rapidement un emploi...  Ridicule...

Lorsque j'ai fait les démarches pour me mettre à la charge de mon mari, j'ai eu la surprise de ma vie: d'un seul coup, j'ai disparu de la surface de la terre!  Non, bien sûr, je ne me suis pas évanouie dans l'espace mais légalement, je n'avais plus d'existence.  Je n'ai plus eu le droit d'avoir ma propre mutuelle par exemple...  J'ai été obligée de rejoindre celle de mon mari, perdant tous mes avantages.  Ca vous semble ridicule?  J'ai juste eu l'impression que je ne pouvais plus exister qu'à travers mon mari.  Tout ça pour avoir la chance de vivre l'enfance de mes enfants, de les éduquer, d'être présente pour eux.

La vie n'a pas toujours été facile avec un seul salaire.  Mais il n'y a pas que cela!

Premier jugement donc: je ne suis plus capable de prendre mes propres décisions.  Ce n'étaient pourtant pas les 200€ mensuels que m'octroyait le chômage qui me permettait de payer mes propres charges.  C'était donc déjà mon mari qui payait ma mutuelle.  Et le reste.  Mais là, c'est devenu officiel, j'ai disparu au profit de mon mari!

Second jugement: je suis femme au foyer (selon le terme consacré), j'ai donc beaucoup d'argent.  Parce qu'évidemment, faire le choix de ne pas travailler à notre époque sous-entend automatiquement une fortune personnelle ou un salaire très élevé de la part du conjoint.  Mais ce n'est pas le cas...  C'est difficile tous les mois.  Mais être avec mes enfants, est-ce vraiment quantifiable en euros?

Troisième jugement: devant la cour de l'école, je ne travaille pas, je ne suis donc pas une femme.  Une femme doit travailler.  Ce n'est plus négociable.

Quatrième jugement: je suis une mère poule, je surprotège mes enfants, je ne leur permets pas de s'épanouir, de devenir indépendants, ...  Je m'investis trop dans leur éducation.  Jugement directement issu des enseignants rencontrés au cours de la scolarité de mes enfants.  De la part des directions d'école aussi.

Cinquième jugement: je prive mes enfants des conforts les plus élémentaires tels que jeux vidéos hors de prix, vacances, activités extraordinaires.  Parce que je ne travaille pas.  Et qu'il n'y a donc pas assez d'argent pour leur donner ce confort que les autres ont.  Mais à quel prix l'ont-ils... sans leurs parents à leurs côtés pour grandir...

Sixième jugement: directement induit des cinq autres, je n'ai plus aucune considération pour moi-même.  Je suis culpabilisée de toutes parts pour cette décision qui, pourtant, me semble la meilleure jamais prise.  Du moins pour mes enfants.  Parce que c'est important, les enfants!  Parce que j'aime être à leurs côtés, découvrir la vie à travers leurs yeux, les voir heureux, les voir s'émouvoir, ...

Alors, quand on me parle de la journée de la femme, je ris franchement.  Apparemment, être une femme, à l'heure actuelle, c'est être un homme!  Cette égalité qu'on veut à tout prix arracher à la société, nous ne l'avons que par le truchement de mensonges sur nos propres personnalités, nos goûts, nos envies, notre avenir.

Parce que je suis femme, je ne peux plus rien choisir pour moi grâce aux diktats de notre époque!  Parce que la femme doit être l'égale de l'homme, je n'ai pas le droit de choisir le bien-être de mes enfants plutôt que le mien.  Je ne l'ai pas vécu comme un sacrifice.  Je l'ai vécu comme une chance!  Une chance de voir grandir mes enfants.  Une chance de profiter de tous ces petits moments qui font qu'ils grandissent, qu'ils évoluent, qu'ils deviennent indépendants.  J'ai pu leur donner la main à chaque fois qu'ils en ont eu besoin et, encore maintenant, ils savent que ma main est là, prête à les rattraper si nécessaire.  Contrairement à ce que l'on croit, mes enfants grandissent, deviennent indépendants, veulent vivre leur vie et je fais de mon mieux pour les y encourager.  Exactement comme nos ancêtres le faisaient.  Je les conduis en douceur vers l'âge adulte, chacun à leur rythme.  En quoi ne suis-je pas une femme en tenant mon rôle de maman...?

Les fins de mois sont difficiles.  Oui.  Depuis longtemps.  Je me prive de beaucoup de choses pour que mes enfants aient un maximum de choses.  Et j'aimerais bien de temps en temps avoir un peu plus d'argent pour nous offrir ces petits bonheurs dont les autres ne profitent pas réellement comme aller manger au restaurant de temps en temps ou faire une sortie au théâtre, une journée au parc d'attractions, ...  J'aimerais me trouver un petit job d'appoint pour toutes ces choses.  Mais je tiens surtout à être présente dans la vie de mes enfants et c'est difficilement compatible.

Alors tant pis pour tous ces jugements qui sont si lourds à porter.  Que vous le vouliez ou non, je suis une femme!  Pas une femme d'aujourd'hui.  Pas une femme d'hier.  Mais peut-être une femme de demain: celle qui aura le droit de décider des choses pour elle sans être jugée parce que ça ne correspond pas à ce que la société veut!  Celle qui pourra choisir d'avoir ou non des enfants!  Celle qui décidera de travailler plus ou moins, à temps plein ou partiel, de gagner beaucoup d'argent, de se tuer à la tâche au travail ou à la maison.  Celle qui décidera ce qui est le plus juste à SES yeux...

Anaxandre signature

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Commentaires
B
ET OUI..... TU FONCTIONNES OU ON TE BALAIE / C EST CE QUI S EST PASSE POUR MOI / MORTE POUR LA FONCTION ET MEM EN RETRO ACTIF.<br /> <br /> IL Y A FEMME ET FEMME ET EN PLUS SELON LES PAYS CELA DIFFERE ENCORE.<br /> <br /> COURAGE
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S
c'est si vrai les "femme d'aujourd'hui" sont des homme et il ne le faut pas car sans différence les humain disparaitrons et moi je ne veut pas ce genre de chose. le but de la création des humain n'est pas d'être tous pareil!! la terre n'est pas une photocopieuse. mais c'est une chance d'être différent il faut protéger nos différence les couver telle une poule avec ses œuf sinon on ne devra pas s'étonner de "l'apocalipse" !! c'est beaucoup trop de se dire égalité homme femme pour moi il faut<br /> <br /> de l'équité pour moi "l'égalité homme/femme" comme tous le monde dit ce sont des<br /> <br /> "BALIVERNE" comme le dirait t.scrooge <br /> <br /> merci de m''écouter
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  • Aussi régulièrement que possible, je viendrai m'indigner ici, dans mon monde. Rien d'objectif, rien de scientifique, juste des "coups de gueule" réfléchis qui pourront, pourquoi pas, provoquer un débat d'idées.
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